Notre Senior Commodity Trader, Benoit Hélin, répond à nos questions.

Benoît Hélin a rejoint electrum à l’été 2024 en qualité de Senior Commodity Trader. Après deux expériences comme analyste-gérant chez SMA Gestion, puis dans le département trésorerie du groupe ArcelorMittal en tant que Trader Senior, Benoît déploie aujourd’hui un large panel de stratégies discrétionnaires basées sur des analyses macroéconomiques, fondamentales, techniques et quantitatives sur un large éventail de matières premières.

En tant que Senior Commodity Trader chez electrum, vous êtes chargé d’enrichir les stratégies de trading vers de nouvelles matières premières, au-delà des seuls métaux précieux. Que vont apporter ces sous-jacents aux stratégies auparavant mises en œuvre chez electrum?

Le premier intérêt évident pour electrum à étendre ses capacités de trading aux marchés de l’énergie, des métaux et aux produits agricoles est la diversification. Le pétrole, le coton et le zinc sont tous trois des matières premières, mais chacun évolue dans son propre contexte de marché, son schéma de volatilité, son langage, sa chaîne de valeur, ses acteurs et son histoire. Par définition, s’exposer à de plus nombreux marchés, c’est aussi se mettre en position de saisir davantage d’opportunités et de diluer ses risques de portefeuille.
Le second intérêt que je vois est de pouvoir capitaliser sur l’asymétrie qui se forme en permanence entre les marchés papiers (dérivés) et les marchés physiques (spot). Les matières premières bénéficient toutes sans exception de cette force de rappel formidable qu’est l’équilibre physique entre l’offre et la demande à un instant T. Souvent, les marchés papiers anticipent (et valorisent) certains développements futurs qui ne sont pas encore pleinement effectifs et/ou qui divergent trop par rapport aux équilibres physiques. En ce sens, les courbes de prix à terme sont des outils très utiles pour non seulement jauger la situation fondamentale d’une marchandise mais aussi pour l’arbitrer en fonction des vues de marché qui découlent de nos analyses.

Pour mener à bien votre mission, vous êtes amené à combiner des analyses macroéconomiques, fondamentales, techniques et quantitatives. Comment articulez-vous ces différentes approches?

Toutes ces approches sont complémentaires et vont même de paire avec le marché. Ce dernier est exposé à un flux constant d’informations de toutes natures et il me semble qu’un trader avisé est capable de discerner le bruit de la tendance ou du retournement justement en maîtrisant cette panoplie d’outils. A court terme, les signaux quantitatifs et techniques se révèlent être de puissant alliés et leviers de performance, tandis qu’à plus long terme, on ne peut ignorer les éléments fondamentaux et l’actualité macro ou géopolitique tant ils impactent le sentiment de marché, donc le positionnement des acteurs et in fine le prix. La combinaison de ces approches est absolument critique dans la performance à long terme d’un book ou d’un fonds. La difficulté quotidienne est de jongler chaque jour (parfois chaque heure) entre celles-ci car il est indispensable de réévaluer la pertinence de ses positions ouvertes à chaque instant. 

Vous avez notamment co-géré des fonds investis sur les marchés dérivés de matières premières. Qu’est-ce qui a changé dans votre quotidien en passant de la gestion pour compte de tiers au trading pour compte propre?

Les deux mondes se ressemblent beaucoup en réalité, l’objectif principal en commun étant de générer de la performance dans le cadre d’une enveloppe de risque. Il est vrai qu’on parle davantage d’investissement que de trading dans le cadre d’un fonds, mais une «  prop firm » ne s’interdit pas de porter du risque à long terme pour autant, comme le ferait un investisseur fondamental patient et discipliné. Je noterais quand même que la gestion de fonds nécessite une certaine fibre commerciale, où les gérants sont régulièrement attendus pour faire le point sur leurs vues de marché, les stratégies qu’ils traitent et les métriques de leurs fonds auprès d’un public d’investisseurs varié. Dans une « prop firm », le quotidien est beaucoup plus resserré autour de l’analyse des marchés, de la prise de position et de la gestion des risques. Le trading pour compte propre ne se mesure pas vraiment face à un indice de référence, contrairement à un fonds, ce qui offre, quelque part, une certaine liberté d’action pour atteindre des objectifs de performance absolue qui soient les plus élevés possibles mais surtout les plus réguliers et détachés d’un contexte de marché. 

Vous animez une conférence « Commodity Trading » dans le cadre du cours Alternative Assets à Rotterdam School of Management. Que vous apporte cette implication dans le monde académique dans votre pratique?

Le fait de préparer un support pour le présenter à des étudiants me contraint systématiquement à revisiter et actualiser mes connaissances. Les étudiants les plus curieux posent souvent des questions qui me poussent à complètement renverser mon prisme d’analyse, c’est bluffant. On en ressort forcément grandi. Bien sûr, les étudiants sont toujours friands d’anecdotes croustillantes et de remarques sur l’usage d’un concept sur le desk. Globalement, la pédagogie nous apprend l’humilité et nous donne le goût de la transmission, c’est un vrai échange. Et justement, au quotidien je suis en constante interaction avec tous les membres de mon équipe, des plus juniors aux plus seniors. Il y a beaucoup d’émulation autour des idées de trading et des vues de marchés, ce qui offre une certaine satisfaction intellectuelle et renforce dans le même temps la cohésion. Les marchés nous chahutent tous les jours et on leur fait face ensemble, armés des idées, des expériences et des approches de trading de chacun.

 

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